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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 20:14

  « Pour aider les « consommateurs de droit » à faire leur choix sur [le] « marché des normes », la Banque mondiale publie chaque année depuis 2004, dans le cadre de son programme Doing Business, un rapport évaluant les droits nationaux à l'aune de l'efficacité économique1. La base de données chiffrées ainsi tenue à jour est destinée à fournir des « mesures objectives » du Droit de cent soixante-dix huit pays (rebaptisés « économie »). Elle contient notamment des indicateurs chiffrés de la « rigidité » des droits du travail de ces pays,. Le rapport « Doing Business » 2005 contient par exemple un chapitre intitulé « Hiring and firing Workers », qui est spécialement consacré à la mesure des entraves à l'investissement que représenterait dans chaque pays le Droit du travail. Le tableau comparatif de tous les droits du travail du monde est construit autour des indicateurs suivants: difficulté d'embauche; difficulté de l'allongement ou de la réduction de la durée du travail; difficulté du licenciement économique d'un travailleur; indice de rigidité de l'emploi; coût d'embauche et coût des licenciements2. On aura compris que « difficultés » ou « rigidités » désignent des règles, et « coûts » des droits protecteurs des salariés. L'indice de « rigidité de l'emploi » inflige ainsi des points de pénalité aux États qui reconnaissent trop de droits aux travailleurs, tels qu'une protection sociale aux salariés à temps partiels; des salaires minima jugés trop élevés par la Banque (20 dollars par mois est ainsi jugé trop élevé pour les pays africains); une limitation à moins de soixante-dix heures par semaine de la durée du travail; un préavis de licenciement ou des programmes de lutte contre la discrimination raciale ou sexuelle. »

 

 

The Exploitation of the Dead


 

Alain Supiot, L'esprit de Philadelphie, la justice sociale face au marché mondial, Seuil, 2010, p. 66-67.

1. http://rru.worldbank.org/businessplanet/

2. http://francais.doingbusiness.org/economyrankings/default.aspx

 

illustration: Stilinovic Mladen, The Exploitation of the Dead (2004), Centre Goerge Pompidou, Paris.

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 00:11

 

 



 


Récemment s'est écrit 1, par un de ces nombreux mais utiles bergers de l'Être - qui eut soins de consigner, avec la même patience méticuleuse que celle des copistes du Moyen-âge qui n'entendaient rien au grec, tout ce que l'Être l'avait préposé à exprimer par son truchement - un ramassis un peu rance mais plein d'espoirs bornés de toutes les litanies autorisées sur l'Europe qui égayent, au rythme de leur monotone énonciation, tous ces débats citoyens qu'affectionne tant notre Modernité. A la fin de cet exercice de style déambulatoire, quelque part entre insignifiance et vacuité, en tout et pour tout, rien. Un énième pensum superfétatoire, où les quelques remarques qu'aurait pu faire un esprit vaguement critique ont vraisemblablement, par précaution, été remisées, et qui accouche non sans peine et sans sueur de ce genre de sentence définitive, d'ultimatum vaporeux qui n'impressionne que les rares qu'il n'a pas encore fait bailler: « l'audace ou le recul. » Rien de moins. Tout le monde en tremble encore.


Le pédagogisme, cette nouvelle forme d'éducation à destination des masses, s'entend comme nul autre pour récrire l'histoire, par adjonction rétrospective d'un sens imaginaire, par la grâce duquel quelques évènements fortuits se trouvent transmués en destinée. D'autres y verraient plutôt les signes de la fatalité, lorsque à quelques encablures de là, un plan de sauvetage, urgent mais transitoire, signale avec certes moins de lustre et de candeur ce que cette belle idée était destinée à devenir: le dernier alibi pour cacher la faillite d'un système auquel elle s'est trouvée par le plus grand des hasards participer.

Les mythes pédagogistes commencent, comme tout mythe, par faire le récit du moment fondateur, en se remémorant l'existence de ces figures tutélaires – déjà canonisées - auxquelles l'Europe devrait tout, et sous le patronyme desquelles l'avenir est dorénavant placé, quand il n'a pas, par avance et on ne sait trop où, ni par qui, déjà été écrit.

 


 

monet

 

Saint Jean qui es aux Cieux,

Que ton Idée soit sanctifiée,

Que son Règne vienne,

Que ta Volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel!



La réponse mythique a ceci de reposant pour les esprits débiles qu'elle évite d'avoir à trop s'interroger sur ce qui a réellement présidé à la création de ce qu'elle s'emploie à camoufler, sans même souvent le savoir, ce qui est le propre de toute idéologie. D'ailleurs comment prétendrait-elle connaître les intentions premières de ce projet quand une grande part ont échappée même à ceux qui en furent les premiers promoteurs? Et là où certains ont crû rétrospectivement voir dans la paix la cause finale de l'Europe, à savoir la raison pour laquelle et ce en vue de quoi elle avait été créée, d'aucuns pourraient toujours faire remarquer que la paix a été avant tout une des conditions qui a permis à l'Europe de se réaliser. Mais l'origine mythique de l'Europe a surtout permis de substituer à l'ancienne alternative, socialisme ou barbarie, celle plus fringante et moins équivoque, puisqu'elle n'en est pas une, qui laisse le choix dérisoire - les quelques fois où ce n'est pas « libéralisme ou stalinisme» - entre le Marché et la guerre. La Modernité s'entend comme nulle autre pour laisser le choix entre le oui et le oui, l'acquiescement institué et l'approbation béate, et convoque, dès qu'un trouble semble naître dans l'esprit de quelqu'un, toutes les autorités assermentées qui ont vocation à y remédier.


Il a suffi qu'un matin l'idée d'Europe soit érigée en principe à partir duquel toutes les choses - forcément bonnes - étaient, devenaient et se laissaient connaître pour que d'innombrables débats - dont l'issue était aussi prévisible qu'est inconsistante l'incidence des causeries de salon sur le cours ordinaire des évènements - fassent cas d'arguties que seuls les termes dans lesquels le problème était posé avaient fait naître. A la suite de quoi, on a pu s'étonner que s'opposent ceux qui voyaient ici l'effet d'une cause là où d'autres se croyaient fonder à voir plutôt l'inverse.

Ici le mythe moderne nous rappelle sa communauté d'origine avec la pensée pré-magique, où tout est dans tout et vice versa, et l'économie substantielle qu'il permet en matière de réflexion. Quand celle-ci pare au plus pressé, comme c'est souvent le cas, il lui suffit d'évoquer de manière allusive l'existence hypothétique d'une relation possible pour qu'ipso facto le lien de causalité soit établi avec la nécessité qui sied aux choses transcendantales. Certains ont ainsi pu croire que « l’union politique découlerait d’une union économique », opération pour laquelle, le conditionnel aidant, il n'était pas intitule d'espérer que le saint Esprit y apportât son concours. Mais pour l'esprit du temps, le rigorisme rationaliste et ses exigences d'un autre temps, et autres vétilles de la même farine, il importe avant tout d'aller à l'essentiel. C'est pourquoi de nos jours, la moindre nuance ou distinction font l'objet d'un procès en sorcellerie car elles rappellent, par leur hermétisme et leur esprit de chapelle, les temps obscurs de la scolastique. De même, s'il y a encore peu distinguer moyens et fin était condamné car relevant de l'indigente raison instrumentale, il n'a pas fallu longtemps pour que cette distinction formelle rejoigne le folklore conceptuel et par là toutes les choses surannées qu'on dénigre sous ce nom. On a ainsi pu disserter, sans craindre d'être contredit, afin de savoir si l'Europe économique était le moyen en vue d'une fin, l'Europe politique, ou si inversement, et sans que cela paraisse contradictoire, s'interroger gravement pour comprendre en quoi le moyen ne pouvait pas en définitive être la fin. A quoi avec un peu de ce bon sens, si prisé par nos Modernes parce qu'il sent pour eux autant le bas de laine qu'il prélude à la délation, on aurait pu faire remarquer que de même que le marteau est le meilleur moyen de planter un clou - l'inverse n'étant que très rarement vrai – de même l'idée creuse est souvent le meilleur moyen d'enfoncer des portes ouvertes – l'inverse n'étant ni vrai, ni faux mais privé de sens.

Un peu plus loin, là où aucune relation autre que verbale ne fut identifiable et pressentant que les incantations et les prières seraient sans effet, par une formule synthétique et laconique, on démontra avec la plus parfaite des rigueurs comment il était possible, sinon souhaitable, que toutes les conditions du miracle fussent enfin réunies. Ainsi aurait-il suffi de « [parier] sur l’effet d’engrenage supposé du marché unique et de l’euro naissant. » De la même manière aurait-on pu parier, avec la même rigueur, mais par contre avec une plus grande probabilité de résultats, et à la condition que la température et la pression restassent constantes, que par l'effet supposé de la courroie sur le tambour et autres mécanismes impénétrables, le linge sortirait propre de la machine à laver, et avec un peu d'espoir, de bonne volonté ou de chance, qu'il sentirait en plus la lavande.


Le gain d'intelligibilité que la pensée moderne apporte aux phénomènes est indéniable, surtout lorsqu'elle tente, laborieusement et après coup, de réunir ce qu'elle avait au préalable bien séparé, s'étonnant que le mystère de leur réunion n'ait jamais eu lieu, et en en cherchant les raisons dans le marc de café. Pourtant, l'Europe politique n'est pas ce qui aurait pu précéder l'Europe économique ou devrait lui succéder. Elle n'est ni avant, ni après, ni au delà, ni l'horizon de l'Europe économique. Elle est plus prosaïquement ce qui « essentiellement et nécessairement va avec » l'Europe économique, et réciproquement. Ce qui signifie qu'elles ne sont pas séparables. Il n'y aurait tout simplement pas d'Europe économique si parallèlement, corrélativement, conjointement, mais surtout consubstantiellement il n'y avait pas déjà de fait une Europe politique. Il n'y aurait pas de grand Marché si dans le même temps et quelque part il n'était des règles, des décrets ou des lois édictés, des accords ou des traités ailleurs passés - qui sont tous, non pas l'effet du Marché lui-même, mais des décisions ô combien politiques - qui en garantissaient le bon et fluide fonctionnement.


Un peu plus loin est alors apparu nécessaire à certains, même si leurs imprécations outrées s'indignaient que le cours des évènements ne suivait pas la logique de leur libre association d'idées et qu'elles étaient sans effet, que l'ordre des choses devait dorénavant se plier à celui des raisons, autrement conséquent. Mais l'ordre des choses étant retors, pour ne pas dire irrationnel, l'urgence fut décrétée quand on s'aperçut que «  l’impopularité de l’Union ne se [limitait] pas à sa monnaie » et que le temps était enfin venu d'imposer, à défaut de composer.


Ce que laisse entendre un de ces nombreux scribes de la Modernité est non pas ce qui nous attend, mais ce qui est déjà là. Pour autant l'Europe ne se fera pas sans les peuples, parce qu'elle ne se fera pas du tout. L'Europe est morte-née comme le nouvel ordre mondial. Ils sont les cache-misères de la Modernité.

 

1. L'Europe a le choix: l'audace ou le recul.


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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 23:00

« Pour baisser le coût du travail, il y a trois axes de travail. (...) Augmenter la durée du temps de travail sans augmenter autant les salaires, au moins à court terme. Les Français sont-ils prêts à travailler plus pour gagner autant? (…) Cette question est un tabou considérable dans le débat politique et économique français. »



 

 




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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 20:30
"Je plains les gens qui ont été capables de prendre au sérieux l'annonce, faite solennellement par des dirigeants politiques qui jusque-là s'étaient remarquablement bien accommodés de son immoralité, que le système capitaliste allait être enfin "moralisé"."

Jacques Bouveresse, Le philosophe, les médias et les intellectuels (Entretien avec Jacques Bouveresse), Agone, n°41/42, 2009, p.227.
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 17:09

"Le 15 septembre 2008 ouvre l'ère du soupçon sur la fiabilité des banques." 1


     



"Si peu avancée que puisse être encore notre science de l'histoire, il est un fait qui domine toute l'époque contemporaine et forme la caractéristique essentielle de notre âge : la toute-puissance de l'argent. Pas un rustre perdu en un village écarté qui ne connaisse le nom d'un potentat de la fortune commandant aux rois et aux princes ; pas un qui ne le conçoive sous la forme d'un dieu dictant ses volontés au monde entier. Et certes, le paysan naïf ne se trompe guère. Ne voyons-nous pas quelques banquiers chrétiens et juifs se donner le plaisir délicat de tenir en laisse les six grandes puissances, de faire manœuvrer les ambassadeurs et les rois, de signifier aux cours d'Europe les notes qu'ils rédigent sur leurs comptoirs ? Cachés au fond de leurs loges, ils font représenter pour eux une immense comédie dont les peuples mêmes sont les acteurs et qu'animent gaiement des bombardements et des batailles : beaucoup de sang se mêle à la fête. Maintenant ils ont la satisfaction de tenir leurs officines dans les cabinets des ministres, dans les secrètes chambres des rois et de diriger à leur guise la politique des États pour le besoin de leur commerce. De par le nouveau droit public européen, ils ont affermé la Grèce, la Turquie, la Perse, ils ont abonné la Chine à leurs emprunts, et ils se préparent à prendre à bail tous les autres États, petits et grands. « Princes ne sont et rois ne daignent », mais ils tiennent en main la monnaie symbolique devant laquelle le monde est prosterné." 2

 

1. Un médiocre gratte-papier du journal le Monde, Il y a un an, la chute de Lehman Brothers. Un dénommé Antoine Reverchon. Revercher signifie d'ailleurs boucher les trous, réparer les défauts.

2. Elisé Reclus, L'évolution, la révolution et l'idéal anarchique, 1902.

Illustrations: Daumier Honoré, Célébrités du Juste Milieu (Antoine Odier (1766-1853), banquier, député et pair de France, Benjamin Delessert (1773-1847), industriel, député, régent de la Banque de France, Jacques Lefevre (1773-1856), banquier, député, régent de la Banque de France), Musée d'Orsay, Paris.

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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 15:46

"Nous connaissons tous le parvenu qui s'enrichit. Il est gonflé presque toujours par l'orgueil de la fortune et le mépris du pauvre. « En montant à cheval, dit un proverbe turkmène, le fils ne connaît plus son père ! » - « En roulant dans un char, ajoute la sentence hindoue, l'ami cesse d'avoir des amis. » Mais toute une classe qui parvient est bien autrement dangereuse qu'un individu : elle ne permet plus à ses membres isolés d'agir en dehors des instincts, des appétits communs ; elle les entraîne tous dans la même voie fatale. L'âpre marchand qui sait « tondre un oeuf » est redoutable ; mais que dire de toute une compagnie d'exploitation moderne, de toute une société capitaliste constituée par actions, obligations, crédit ? Comment faire pour moraliser ces paperasses et ces monnaies ? Comment leur inspirer cet esprit de solidarité envers les hommes qui prépare la voie aux changements de l'état social ? Telle banque composée de purs philanthropes n'en prélèverait pas moins ses commissions, intérêts et gages : elle ignore que des larmes ont coulé sur les gros sous et sur les pièces blanches si péniblement amassés, qui vont s'engouffrer dans les coffres forts à chiffres savants et à centuple serrure. On nous dit toujours d'attendre l’œuvre du temps, qui doit amener l'adoucissement des mœurs et la réconciliation finale ; mais comment ce coffre-fort s'adoucira-t-il, comment s'arrêtera le fonctionnement de cette formidable mâchoire de l'ogre, broyant sans cesse les générations humaines ?



Oui, si le capital, soutenu par toute la ligue des privilégiés, garde immuablement la force, nous serons tous les esclaves de ses machines, de simples cartilages rattachant les dents de fer aux arbres de bronze ou d'acier ; si aux épargnes réunies dans les coffres des banquiers s'ajoutent sans cesse de nouvelles dépouilles gérées par des associés responsables seulement devant leurs livres de caisse, alors c'est en vain que vous feriez appel à la pitié, personne n'entendra vos plaintes. Le tigre peut se détourner de sa victime, mais les livres de banque prononcent des arrêts sans appels ; les hommes, les peuples sont écrasés sous ces pesantes archives, dont les pages silencieuses racontent en chiffre, l'œuvre impitoyable. Si le capital devait l'emporter, il serait temps de pleurer notre âge d'or, nous pourrions alors regarder derrière nous et voir, comme une lumière qui s'éteint, tout ce que la terre eut de doux et de bon, l'amour, la gaieté, l'espérance. L'Humanité aurait cessé de vivre."

 


 

Élisée Reclus, L'évolution, la révolution et l'idéal anarchique.
Illustration: Klapheck Konrad, Les arrivistes, 1959, Centre Georges Pompidou.

 

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 21:14




Jhelisa, Inner City Life

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 01:44
«On a passé du bon temps ensemble, dans une belle région et avec de bonnes conditions de travail. Et surtout un public chaleureux. C'était agréable. Malgré les difficultés en ce moment, la vie de groupe est très bonne. Evian a permis de nous retrouver. J'espère que ça va contribuer à apporter une certaine fraternité entre nous.»




Jean-Alain Boumsong, Lyon - Prolonger l'esprit d'Evian, L'Equipe, 11 mai 2009.
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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 14:26

« En vérité, Hippias, voilà une belle et grande preuve de ta sagesse, de celle des hommes de notre siècle, et de leur supériorité à cet égard sur les Anciens. Il faut convenir d'après ce que tu dis que l'ignorance de vos devanciers était extrême puisqu'on rapporte qu'il est arrivé à Anaxagore lui-même tout le contraire de ce qui vous arrive. Ses parents lui ayant laissé de grands biens il les négligea et les laissa périr entièrement tant sa sagesse était insensée. On raconte des anecdotes semblables sur d'autres sages anciens. Il me paraît donc que c'est là une marque bien claire de l'avantage que vous avez sur eux pour ce qui est de la sagesse. C'est aussi le sentiment commun qu'il faut que la sagesse serve principalement au sage lui-même; et la fin d'une pareille sagesse est d'amasser le plus d'argent que l'on peut. »



Platon, Hippias majeur, 283a. Cité par Jean-Claude Michéa, La double pensée, Retour sur la question libérale, Flammarion, 2008, p. 199.

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8 janvier 2009 4 08 /01 /janvier /2009 23:58
Il était une fois...


"Un homme, un discours. La clef du succès de Nicolas Sarkozy réside enfin, et surtout, dans l'adéquation parfaite entre le parcours individuel du candidat et les propos qu'il tient. La success story qu'il raconte aux Français a le mérite de se dérouler sous leurs yeux. Elle contient sa part obligée de rêve mais est en même temps crédible parce que réelle. Elle participe à la réhabilitation du politique, après des années de scepticisme. On retrouve, là encore, la dimension de l'entrepreneur dont la réussite parle pour lui-même."1


"Et si après l’avoir trop vu, trop entendu, on lui reprochait d’être devenu trop discret ? Depuis le lendemain des élections municipales, le pays ne souffre plus d’un trop-plein mais d’un déficit de Sarkozy. Le verbe présidentiel manque au pays."2


"Réformer la France, est-ce possible ? (...). S’il est un candidat qui s’était employé à produire des idées nouvelles, à analyser les erreurs de son camp, à théoriser une méthode de réforme en rupture avec celles du passé et à promettre que plus rien ne serait comme avant, c’est bien Nicolas Sarkozy."3


"Car, s’il est une certitude, c’est que ce président-là n’est pas un résigné. Il a encore quatre ans pour agir. Il veut rester dans l’histoire comme celui qui aura le plus réformé la France parce que, dit-il, dans la mondialisation « la place n’est garantie pour personne ». « Bouger ou mourir », telle est sa devise..."4


Quelques mois plus tard...


"De retour de congés, j’ai découvert avec étonnement que je figurais sur la liste de la promotion du 1er janvier de la Légion d’honneur. Rien, dans mon parcours professionnel, ne justifie pareille distinction. Je pense en outre que, pour exercer librement sa fonction, un journaliste politique doit rester à l’écart des honneurs. Pour ces raisons, je me vois dans l’obligation de refuser cette distinction..."5





1. Françoise Fressoz, Le 6 mai 2007 : les ressorts d'une rupture, Les Echos, 24 décembre 2007.

2. Françoise Fressoz, Le président trop discre, Les Echos, 11 avril 2008.

3. Françoise Fressoz, Le devoir de vérité, Les échos, 25 avril 2008.

4. Françoise Fressoz, Réformes : la martingale reste à trouver, Les Echos, 21 avril 2008.

5. Françoise Fressoz et Marie-Eve Malouines refusent la légion d'honneur, Libération, 5 janvier 2009.


Illustration: Utamaro Kitagawa (1753-1806), Orie, épouse de Jûtarô, contrainte de se prostituer, 19e siècle, Paris, Musée Guimet - Musée national des Arts asiatiques.
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